Mais que m'arrive-t-il ?

Mais que m'arrive-t-il ?

La nuit. Juste la lueur d'un feu de bois. Ma grand-mère me fixe. Son regard est horrifié. Un inquiétant mélange d'étonnement, de stupeur et de frayeur.

« Piks piks ton visage... il s'allonge... et ... tu palis, Piks, mais que t'arrive-t-il ?? Ho non ... tu ... tu es en train de te transformer en Matis... »

Je me réveille en sueur, les tempes moites. Encore ce méchant cauchemar.

Je n'ai pas connu ma mère. Mon père était foreur. Mais je ne me souviens que très peu de lui. C'est ma grand mère qui m'a élevé : une brave homine, un peu sévère et bornée mais profondément gentille. C'est elle qui m'a donné ce surnom, Piks, parce que je jouais tout le temps avec la pioche de mon père - pioche ça se dit « Pik » en tryker

Ma grand mère m'avait toujours prétendu que les Matis étaient des homins odieux, suffisants, imbus de leur personne et surtout profondément méprisant envers les Trykers qu'ils considéraient comme leurs esclaves. Je me souviens encore ses propos : « Ne fréquente pas ces gens de trop près, yem ny-Piks, ce sont des démons malfaisants, la Karavan les a perverti. ».

Pourtant, depuis quelques saisons, des choses étaient en train de changer dans ma petite tête de rêveur aux yeux étoilés. J'avais depuis quelques temps la chance, la joie et l'honneur de côtoyer régulièrement les homins de la Cohorte d'Yrkanis. Cette incroyable chance, comme tant d'autres choses, je la devais d'ailleurs à ny-Ossana, une homine exceptionnelle, probablement une des dernières fleurs d'Atys, pure, entière et aussi adorablement gentille et butée que l'était ma grand-mère

Mais que m'arrivait il ? Moi qui avait toujours considéré, par le passé, les Matis comme des homins peu fréquentables, voilà que je me mettais à les apprécier. Que dis-je les apprécier, le mot est trop faible, je n'avais cesse de rechercher leur compagnie tant je me sentais bien avec eux. Oy, c'est ça, je me sentais bien, vraiment bien, avec les gens de la Cohorte, bien comme je n'avais jamais été auparavant durant toutes mes errances sur l'écorce. Ils étaient simples, spontanés, gentils, ouverts et drôles à la fois. Tout le contraire de ce que l'on peut raconter sur ces grandes familles nobles et leur prétendue arrogance. D'ailleurs, je trouve que bien des Trykers auraient des leçons à prendre auprès de la Cohorte pour appliquer leurs fameux préceptes de liberté, égalité, partage !

Avec la Cohorte, j'avais l'impression d'avoir trouvé une famille, une raison de fouler l'écorce chaque jour. Ils étaient pour la plupart Matis, fidèles de la Karavan et avaient tous prêtés serment de servir leur bon roi Yrkanis. Tant de principes desquels j'étais a priori si éloigné au départ et pourtant... Ils portaient en eux dans le quotidien toutes les valeurs qui m'animent et devraient animer chaque Tryker, non, que dis-je, pas chaque Tryker, chaque Homin : l'amitié, le partage, l'égalité, la liberté et l'ouverture d'esprit. Leur roi semblait être un homme bon lui aussi, accueillant, fin, cultivé et sensible. Et je commençais à avoir plus que sérieusement envie d'embrasser ces mêmes valeurs. J'ai de l'admiration pour la Cohorte, pour ce qu'elle représente et pour les principes qu'elle cherche à égrainer chaque jour sur l'écorce...

D'ailleurs comment ne pas avoir un profond respect et une indicible estime pour celui qu'on a vu conserver tout son panache et sa dignité de chef alors qu'il était en train de chasser dans le couloir brulé les fesses complètement nues parce qu'il avait déchiré son pantalon d'armure. Il y a des images comme ça qui marquent à jamais la vie d'un homin

Mais au delà de plaisanterie, Radamanthe Némes m'avait étonné à plus d'un titre : A la guerre, il connaissait chaque parcelle du théâtre des opérations et donnait toujours des ordres claires et précis en prenant soin, de surcroit, d'en expliquer les raisons, si bien que servir sous ses ordres était toujours un réel plaisir
Mais c'est aussi l'homin derrière le stratège qui m'avait surpris, qui m'avait séduit : un homin Matis en compagnie d'une compagne Zoraï, un homin accueillant, généreux et efficace, à l'image de son Roi, un de ces homins qu'on est fier de côtoyer et dont on espère devenir un jour l'ami. Quoi de plus normal qu'une telle personne ait su s'entourer de la pléiade de gens de qualités qui forment la Cohorte !

Il est clair maintenant que ma décision était prise. Si la Cohorte voulait bien de mes bras de petit Tryker, je prêterai allégeance au roi Yrkanis et j'irai rejoindre la Cohorte !

Il ne me reste plus qu'a aller annoncer la nouvelle à Makita, donner ma démission des Primals et demander audience à Radamanthe pour proposer ma candidature et connaître les conditions d'intégration à la Cohorte .........

Elle forait machinalement en laissant errer ses pensées...

Tout à coup l'image d'un tryker à ses côtés sur les derniers Op lui vient à l'esprit : Comment s'appelait-il déjà ? A chaque fois elle oubliait de demander à Rada qui était cet homin courageux et toujours là pour aider la Cohorte.

Elle souffla sur ses mains engourdies et reprit sa pioche...

Piks ! c'était son nom !

Elle secoua son sac pour y faire entrer sa dernière piochée...

Elle demanderait à Radamanthe de remercier ce vaillant tryker de sa part. En ces temps troublés il était agréable de se trouver des amis fidèles.

Elle sourit en se demandant pourquoi elle pensait à cet homin tout d'un coup. La rêverie du forage sans doute...

Le tourbillon du TP l'emporta vers Yrkanis.

« Que le ciel est beau ce soir »

Piks était sur le point d'aller se coucher, ses grands yeux pleins d'étoiles, aux pieds de l'étable de Fairhaven à coté des ses toubs où il avait, depuis son arrivé sur le continent, élu domicile. Ce soir, son coeur était enflé de bonheur et les deux images des deux plus grandes richesses qu'il ait pu trouver sur Atys défilaient tour à tour dans sa tête.

« Les deux plus grandes richesses qu'un homin puisse espérer », pensait il à haute voix.
« L'amitié et l'amour ... »
« J'avais peur d'avoir perdu l'une au moment ou je trouvais l'autre, serait il possible ce soir que ... »

Il referma une paupière sur chacune des images pour les conserver au plus profond de son coeur à tout jamais...

Hen ! troooooooooop Mimiiiiiiiii :'))

(Lemra par la voix de Madame Edith) : en rp peut-être ? allez ! on n'attend que ça )
(Timna, qui aime bien madame Edith aussi : owi du airphé ossa )
(Madame Edith rigole de bon coeur, mais elle attend son nairepé )
( Désolée de vous décevoir les filles, je ne sais pas airphé :'(, mais quand j'aurais le temp j'essayerais ! Promis ! )

Mais pourquoi donc les homins ressentent ils si souvent le besoin de s'entredéchirer ?
Une méprise, une incompréhension, une divergence d'opinion ou une simple saute d'humeur sont bien souvent la cause de nombres d'oppositions la plupart du temps infondées d'un coté comme de l'autre. Mais pourquoi par delà le temps qui a la sagesse d'atténuer nos disputes faut il continuer d'alimenter quotidiennement cette rancoeur par des quolibets rémanent, des sous-entendus appuyés, comme pour maintenir une pression pesante, une atmosphère orageuse, comme pour ne pas oublier de haïr, au point de dire j'ai raison, je persiste et je signe !
La haine est elle donc un besoin, un mal nécessaire, une drogue ou un plaisir pervers ?

Piks leva la tête vers les cieux et ses yeux, tout embrumés de peine et de tristesse, croisèrent les deux Sylves, ces deux petites lunes d'Atys qui avancent cote à cote, main dans la main.

Pourquoi ne puis je pas être en paix avec tous les gens que j'aime ?
Ho, Radamanthe Némes, ou es tu ? Tu étais l'âme de la Cohorte et si tu savais combien tu me manques...